Panne d'électricité: cause de tous les maux?

Aujourd'hui, je supervise l'inventaire du matériel informatique du ministère. On compte le nombre d'ordinateurs, d'imprimantes, d'ondulateurs etc...et on vérifie leur bon état. Tâche certes pas des plus intellectuelles mais toujours utile puisqu'on avait aucune idée de ce qu'on possédait, ce qui facilitait donc le vol (ben oui, si on ne remarque même pas les disparitions...).

Dans un bureau, la secrétaire se plaint que le courant "ne passe pas" dans son ordinateur. Elle blâme le gouvernement qui n'est pas capable de fournir de l'électricité (Contexte: voir plus bas). En conséquence, elle demande que nous lui remplacions son ordinateur. Petite inspection de Guigui le colon en habit de Fabien l'informaticien: "Non Madame, ce n'est pas la faute du gouvernement...Si l'ordinateur ne fonctionne pas, c'est parce que vous avez uniquement un clavier, une souris et un écran, mais il vous manque...la Tour!"...Petite étourdie!

Je n'ai pas encore pu déterminer si elle se moquait de moi (et donc qu'elle voulait un PC de la CTB), si elle était sincère (mais elle travaillait comment avant que je n'arrive?) ou si elle travaillait à même l'écran.

Contexte de la panne:

Depuis 3 semaines maintenant, le Burundi doit limiter sa consommation d'électricité car le Congo refuse de la livrer, sous prétexte qu'il n'a pas touché l'argent dû depuis 3 ans. Or, en 2005, la Banque Mondiale avait donné 3 milliars de dollars pour payer l'électricité pour...3 ans! La Banque Mondiale qui ne fait pas de suivi très poussé de ses dons vient de remarquer que cet argent venait d'être détourné...3 milliards en 3 ans...Chapeau!

Ici, détourner l'argent n'est pas aussi mal vu qu'en Europe...Par contre, ne pas fournir d'électricité tellement utile pour toutes les professions rend la population furieuse!! Pas très malin du président...à 9 mois des élections...
Je vais quand même me renseigner pour savoir s'ils n'ont pas aussi détourner une tour d'ordinateur

Gitega-Ngozi

Ce week-end, road trip à Gitega et Ngozi, les 2 et 3ème villes du pays, avec un petit 45.000 habitants bien serrés. Gitega se trouve au centre du pays. Elle était la capitale du Burundi jusqu' à l'indépendance en 1962. La ville a été fondée par les Allemands et les Belges l'ont pourvues d'infrastructures. Mais en plus de la culture, ce voyage a l'intérieur nous a fait redécouvrir notre corps sans goutte!! Pas de sueur, pas de 33°...Un petit 24, avec une petite brise, on aurait presque mis une petite laine!

En plus des visites culturelles, nous nous sommes aussi arrêtés pour voir LE match entre Gitega et le Vitalo Bujumbura. A grand match, grand stade! Le 2ème du pays! Je crois que son immensité saute aux yeux..On devait être au moins 100(0) pour le match de l'année.

Comme toutes les villes du Burundi à l'exception de Buja, Gitega vit principalement de l'agriculture (Paradoxe?)

Voici la fameuse équipe des virées à l'intérieur du pays.

Ngozi

Ce qui est agréable avec les villes burundaises, c'est qu'elles sont construites sur des collines, et qu'il faut pas faire plus de 200 mètres pour arriver dans les champs!

Depuis Ngozi, qui est aussi la ville des fromages au Burundi, on a une vue fantastiques sur les vallées!

Rire ou pleurer, il faut trier!

La première salle devenant trop petite pour les archives que nous avions classées, je me mis à la recherche d'une nouvelle salle! Grave erreur! La nouvelle salle que j'ai acquise (après moultes négociations dont je vous passe les détails) est extraordinairement grande...et pleine

Pêle-mèle et sans être exaustif (comment je pourrais!), nous y avons trouvé: un four, une moisonneuse bateuse manuelle, des casseroles, des chaises, des aspirateurs, une dizaine de milliers de pilules contraceptives périmées depuis 1990, des pneus, des fiches de consultations non-utilisés...etc...etc....etc...etc...etc...etc...Pour ceux qui prennent le blog en cours de route, il s'agit bien du Ministère de la Santé!

Sur votre gauche, vous trouverez également des bombonnes de gaz, périmées certainement, un magnifique pneu, et un sêche linge!

Contre le mur, des milliers et des milliers d'exemplaires d'avis de décès vierges, des fiches de consultations, tout aussi vierges, et des certificats médicaux administratifs.

Au sol, ben heu...les archives...

Heureusement pour ces archives, on m'a prévenu qu'elles appartenaient au ministère des finances. Remarquez l'ingénieusité d'utiliser une armoire cassée pour soutenir une armoire cassée.

En voyant les trésors de la salle, j'ai proposé d'organiser une brocante, un espace du genre "Troc international", histoire d'écouler la marchandise.
Plus sérieusement, la destruction du matériel cassé nous a été refusées car:
"Monsieur Guillaume, ce qui appartient à la fonction publique, personne ne peut le détruire (même si c'est déjà cassé)!
- OK, comment on fait pour s'en débarasser alors?" "
-C'est très simple, d'abord vous devez faire un inventaire de tout ce que vous voulez détruire (1 mois), ensuite il faut prévenir le directeur des infrastructures de votre souhait. Lui même devra recevoir l'accord du directeur général des Ressources(1mois). Une fois que celui-ci a donné son accord (1 mois) et qu'il aura dégager un budget pour la destruction (re-1 mois), nous pourrons avertir le ministère de la fonction publique de venir chercher les éléments à détruire (re-1mois). Attention, concernant les médicaments, c'est la même chose, sauf que la fonction publique n'est pas habilitée à détruire des médicaments, il faut donc qu'elle appelle la direction de Pharmacie, Laboratoire et médicaments (1 mois)...Bref, avant de détruire, on a juste le droit de faire un déplacement stratégique du matériel "encombrant".
Pour le matériel cassé, on s'en tape un peu qu'il soit volé...c'est un peu si quelqu'un venait subtilement voler vos sacs poubelles. Par contre le vrai risque, c'est que les médicaments soient dérobés et revendus dans la rue. C'est un commerce très courant ici, qui a des conséquences dramatiques sur les populations les plus pauvres. Donc en gros, on se retrouve avec un stock de pilules périmées qu'on ne peut pas détruire avant 4,5 ou 6 mois...Si c'est plus long, je les revend comme exctasy dans les discothèques! Finalement, c'est peut-être comme un bon vin, 19 ans d'âge, 15 ans de cave...je vous dirai les effets!

Ah oui, on a aussi trouvé des dizaines de milliers de lunettes...j'ai proposé de les distribuer aux centres de santé, mais il faut prévenir le ministère des infrastructures et de l'équipement, mais il ne sait même pas qu'elles existent.

Gardons les traditions

Il y a un an et demi, au Pérou, on me subtilisait subtilement mon appareil photo en me faisant cracher dessus.
Quelques mois plus tard, en Suisse, mon ordinateur portable disparaîssait mystérieusement dans un cambriolage.
Pour marquer mon départ de Belgique, mon vélo décida de son plein de gré de changer de propriétaire.
En homme attaché aux traditions de voyage, je me devais d'être à nouveau dépossédé. L'appareil photo, le P.C et le vélo ayant déjà donné, je proposai donc de me débarasser de mon GSM. C'est ainsi que pendant qu'un garçon plein de (mauvaises) intentions me provoquait, un autre fouillait mes poches...

Bien mal acquis ne profite jamais...J'espère!